Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol11.djvu/134

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abeilles demi crevées qui agitent à peine leurs pattes et des abeilles crevées, laissées là.

L’apiculteur ouvre la partie inférieure et regarde le sommet de la ruche. Au lieu des rangs d’abeilles couvrant toutes les alvéoles, il voit le travail artistique, compliqué des alvéoles, mais plus sous son aspect de virginité d’autrefois : Tout est souillé et délaissé. Les abeilles noires, voleuses, quittent rapidement et en cachette leur besogne. Les abeilles de la ruche, desséchées, ratatinées, fanées comme si elles étaient vieilles, errent lentement sans rien empêcher, sans rien désirer, sans conscience de la vie. Les mâles, les bourdons et les papillons se battent contre les parois de la ruche. De çà, de là, parmi la cire et le miel, on entend rarement un bourdonnement irrité. Quelque part, deux abeilles, par vieille habitude, nettoient le nid de la ruche et, avec des soins au-dessus de leurs forces, tirent dehors une abeille morte ou un bourdon, ne sachant elles-mêmes pourquoi elles le font. Dans un autre coin, deux vieilles abeilles se battent paresseusement, ou se nettoient, ou se nourrissent l’une l’autre, sans savoir si elles le font avec un sentiment amical ou avec hostilité. Ailleurs, une foule d’abeilles s’étouffent contre une victime quelconque, la battent et l’étranglent. Et l’abeille affaiblie ou tuée, légère comme un duvet, tombe dans le tas de cadavres. L’apiculteur retourne les deux parties médianes pour voir le nid. Au lieu du cercle