Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol11.djvu/196

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Celui-ci voulut se retirer et se cacher, mais à ce moment il aperçut par la porte ouverte de la cuisine, Makar Alexéiévitch, le pistolet à la main.

De l’air rusé d’un fou, Makar Alexéiévitch regarda le Français, puis, soulevant le pistolet, visa.

— À l’abordage !!! s’écria l’ivrogne en pressant sur la gâchette du pistolet.

À ce cri, l’officier français se retourna ; au même moment Pierre se jeta sur l’ivrogne.

Au moment que Pierre saisissait le pistolet, Makar Alexéiévitch parvenait à toucher la gâchette : un coup éclata répandant partout le bruit et la fumée de la poudre. Le Français pâlit et s’élança vers la porte.

Dès que Pierre eut arraché et jeté le pistolet, oubliant son intention de ne pas dévoiler sa connaissance de la langue française, il accourut vers l’officier et se mit à lui parler.

Vous n’êtes pas blessé ?

Je crois que non, répondit l’officier en se tâtant ; mais je l’ai échappé belle, cette fois-ci, ajouta-t-il en regardant le mur troué.

Et, regardant sévèrement Pierre :

Quel est cet homme ?

Ah ! je suis vraiment au désespoir de ce qui vient d’arriver, dit Pierre, oubliant tout à fait son rôle. C’est un fou, un malheureux qui ne savait pas ce qu’il faisait.