Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol11.djvu/24

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III

Quand Ermolov, envoyé par Koutouzov pour inspecter la position, dit au feld-maréchal que dans cette position sous Moscou on ne pouvait pas se battre et qu’il fallait reculer, Koutouzov le regarda en silence.

— Donne-moi ta main, dit-il, et, la lui retournant pour lui tâter le pouls : — Tu n’es pas bien portant, mon cher. Pense donc à ce que tu dis.

Koutouzov ne pouvait encore comprendre qu’il fût possible d’abandonner Moscou sans se battre.

À six verstes du rempart Dorogomilov, sur la colline Poklonnaia, Koutouzov sortit de sa voiture et s’assit sur un banc, au bord de la route. Une grande foule de généraux l’entoura. Le comte Rostoptchine, venu de Moscou, se joignit à eux. Toute cette brillante société, divisée en plusieurs groupes, causait des avantages et des désavantages de la position, de la situation des troupes, des plans qui étaient faits,