Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol11.djvu/287

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prit part à ses plaisirs, il lui confia son désir d’enlever une blonde.

Le mari eut un sourire contraint, la femme sourit joyeusement. La brave femme du gouverneur, l’air peu approbateur, s’approcha d’eux.

— Nicolas, Anna Ignatievna veut te voir, dit-elle en prononçant d’un tel ton « Anna Ignatievna » que Rostov comprit que cette Anna Ignatievna était une dame très importante. Allons, Nicolas. Tu me permets de t’appeler ainsi ?

— Ah oui, ma tante. Qu’est-ce ?

— Anna Ignatievna Malvintzeva a entendu parler de toi par sa nièce, comment tu l’as sauvée… Tu devines ?

— Oh ! j’en ai sauvé beaucoup ! dit Nicolas.

— Sa nièce, la princesse Bolkonskï ! Elle est ici à Voronèje avec sa tante. Oh ! oh ! comme tu rougis ! Quoi ? Y a-t-il quelque chose ?

— Je n’y ai même pas pensé, ma tante ?

— Bon, bon. Oh ! comme tu es !…

La femme du gouverneur le présenta à une vieille dame de haute taille et très forte, en toque bleue, qui venait de terminer sa partie de cartes avec les personnes les plus importantes de la ville. C’était madame Malvintzeva, une riche veuve, sans enfants, tante maternelle de la princesse Marie, qui vivait toujours à Voronèje. Quand Rostov s’approcha d’elle, elle était debout et payait sa perte aux cartes. Elle cligna les yeux sévèrement, le re-