Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol11.djvu/399

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« C’est en vain que j’ai prié pour cette journée, c’est en vain que je n’ai pas dormi de la nuit, que j’ai réfléchi sans cesse ! pensait-il. Quand j’étais tout petit officier, personne n’aurait osé se moquer de moi comme maintenant : »

Il éprouvait une souffrance physique, comme après une bastonnade, et ne pouvait s’empêcher de l’exprimer par des cris de colère et de douleur. Mais bientôt ses forces s’affaiblirent, il regarda autour de lui, et, sentant qu’il avait dit beaucoup de choses absurdes, il remonta en voiture puis, en silence, retourna sur ses pas.

La colère qu’il avait déversée ne revenait plus, et Koutouzov, en battant faiblement des paupières, écoutait la justification, la défense (Ermolov ne se présenta pas à lui avant le lendemain) et les insistances de Benigsen, de Konovitzen et de Toll pour que le mouvement manqué fût fait le lendemain. Et il dut y consentir.