Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol11.djvu/402

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forêt et se mit à regarder le camp ennemi qu’on voyait maintenant à la lumière naissante du matin et des bûchers qui s’éteignaient.

À droite du comte Orlov Denissov, sur la pente découverte, devaient se montrer nos colonnes. Il dirigeait ses regards de ce côté, mais bien qu’on dût les apercevoir de loin, elles ne paraissaient pas. Dans le camp français, comme il semblait au comte Orlov et surtout d’après les dires de son aide de camp qui voyait de loin, on commençait à se remuer.

— Ah ! vraiment, c’est tard ! fit le comte Orlov en regardant le camp. Tout à coup, comme il arrive souvent quand nous ne voyons plus l’homme en qui nous avons confiance, il lui devint tout à fait clair et évident que ce sous-officier était un traître, qu’il avait menti et que toute l’attaque allait être compromise par l’absence de ces deux régiments qu’il allait emmener Dieu sait où, « Peut-on, d’une telle masse de troupes, arracher le commandant en chef ! »

— C’est sûr qu’il ment, ce coquin ! dit le comte.

— On peut retourner, dit quelqu’un de la suite qui, comme Orlov Denissov, se méfiait de l’entreprise dès qu’il regardait le camp.

— Vraiment ! qu’en pensez-vous ? Laisser faire ou non ?

— Ordonnez-vous de retourner ?

— Retourner ! Retourner ! dit tout à coup, d’un