Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol12.djvu/133

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malheureux. Elle pensait que ce devait être ainsi, et, en même temps, elle avait peur et était triste.

Une fois elle monta très rapidement les escaliers, tout essoufflée, puis, sous un prétexte quelconque, elle descendit puis remonta en courant afin d’essayer ses forces.

Une autre fois elle appela Douniacha et sa voix tremblait. Elle continua de l’appeler bien qu’elle l’entendit venir ; elle l’appelait de cette voix de poitrine qu’elle avait en chantant, et s’écoutait.

Elle ne le savait pas, ne l’aurait pas cru, mais sous la couche qui lui paraissait impénétrable germait déjà la jeune tige, fine et tendre de l’herbe qui devait s’y affermir et, de ses jets vitaux, couvrir toute sa douleur que bientôt on ne verrait pas, qu’on ne remarquerait plus. La blessure guérissait de l’intérieur.

À la fin de janvier, la princesse Marie partit à Moscou et le comte insista pour que Natacha partît avec elle afin de consulter des médecins.