Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol12.djvu/198

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quelque chose d’immatériel mais de puissant et d’indestructible.

Les mobiles des hommes qui se hâtaient de tous côtés vers Moscou, après le départ de l’ennemi, étaient des plus variés, personnels, et, les premiers temps, pour la plupart, sauvages et grossiers. Un seul mobile était commun à tous : celui d’aller là-bas, dans cet endroit qui, auparavant, s’appelait Moscou, pour y développer son activité.

Une semaine plus tard il y avait à Moscou déjà quinze mille habitants, deux semaines après vingt-cinq mille, etc. Toujours croissant et croissant, ce chiffre, vers l’automne 1813, surpassait celui de la population de 1812.

Les premiers Russes qui pénétrèrent à Moscou furent les Cosaques du détachement de Vinzegerode, les paysans des villages voisins et les habitants qui s’étaient enfuis de Moscou et se cachaient dans les environs. Les Russes qui entrèrent à Moscou ruinée, pillée, se mirent eux aussi à piller. Ils continuèrent l’œuvre des Français. Les charrettes des paysans venaient à Moscou afin d’emporter dans les villages tout ce qui était abandonné dans les maisons ruinées et dans les rues. Les Cosaques emportaient dans leurs campements tout ce qu’ils pouvaient ; les propriétaires emportaient dans leurs maisons ce qu’ils pouvaient attraper dans les autres, sous prétexte que c’était à eux.

Après les premiers pillards, il en vint d’autres,