Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol12.djvu/285

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— Marie, tu me méprises sans doute… Je le mérite, lui disait-il.

— Mais pars vite quand tu ne te sens pas la force de te retenir, lui disait avec tristesse la comtesse Marie en tâchant de le consoler.

Dans la société des gentilshommes de la province, Nicolas était estimé mais pas aimé. Les intérêts des gentilshommes ne l’occupaient pas, et, à cause de cela, les uns le croyaient orgueilleux, les autres sot.

Tout l’été, des semailles du printemps à la récolte, se passait en occupations agricoles. À partir de l’automne, avec le même sérieux qu’il apportait à l’exploitation, Nicolas s’adonnait à la chasse pendant un ou deux mois. L’hiver, il visitait ses autres domaines et s’occupait de lectures.

Sa bibliothèque se composait surtout de livres d’histoire : il en faisait venir chaque année pour une certaine somme. Il se faisait, comme il le disait, une bibliothèque sérieuse, et il s’astreignait à lire tous les livres qu’il achetait. L’air important, il faisait sa lecture dans son cabinet de travail ; d’abord ce fut pour lui un devoir, ensuite une occupation habituelle qui lui donnait un certain plaisir par la conscience d’être occupé d’une affaire sérieuse. À l’exception des voyages d’affaires, tout l’hiver il restait à la maison et s’immisçait à tous les petits rapports entre ses enfants et leur mère. Il se rapprochait de sa femme de plus