Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol12.djvu/383

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les rapports internationaux, les conquêtes et les alliances, ces historiens doivent, malgré eux, reconnaître qu’une partie de ces événements n’est déjà plus le transport régulier des volontés mais des hasards qui dépendent tantôt de la ruse, tantôt de la faute ou de la perfidie ou de la faiblesse du diplomate, du monarque ou du chef de parti.

De sorte que la plupart des phénomènes historiques : les guerres civiles, les révolutions, les conquêtes sont présentés par ces historiens non comme le résultat de la transmission des volontés libres, mais comme le résultat de la volonté faussement dirigée d’un ou de plusieurs hommes, c’est-à-dire, de nouveau comme la violation du pouvoir. C’est pourquoi les événements historiques, d’après les historiens de cette sorte, sont presque tous des écarts de la théorie.

Ces historiens sont semblables aux botanistes qui, ayant remarqué que quelques plantes sortent de la graine avec deux cotylédons, soutiendraient que tout ce qui croît, croît seulement en se dédoublant en deux feuilles et que le palmier, les champignons et même le chêne, qui en se branchant dans sa pleine croissance n’a plus les deux feuilles semblables, s’écartent de la théorie.

Les historiens de la troisième catégorie reconnaissent que la volonté des masses se transporte conditionnellement aux personnages historiques mais que ces conditions ne nous sont pas connues. Ils