Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol12.djvu/425

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de liberté ; s’agit-il d’un crime, nous exigeons vivement le châtiment ; s’agit-il de vertu, nous l’apprécions très haut. Dans le cas indifférent, nous reconnaissons une originalité et une liberté plus grandes.

Mais si une seule des causes innombrables nous est connue, nous admettons déjà une certaine part de nécessité et nous exigeons moins de vengeance pour le crime, nous reconnaissons moins de mérite à l’acte vertueux, moins de liberté à l’acte qui nous paraissait original. Le fait qu’un criminel a été élevé parmi les malfaiteurs diminue sa culpabilité. Le sacrifice du père, de la mère — sacrifice avec possibilité de récompense — nous est plus compréhensible que le sacrifice sans cause, et, par conséquent, nous semble moins méritoire, moins libre. Les fondateurs d’une secte, d’un parti, l’inventeur nous étonnent moins quand nous savons comment et avec quoi a été menée leur activité. Si nous avons un grand nombre d’exemples, si notre observation est toujours dirigée vers la même recherche des rapports entre les causes et les conséquences des actes des hommes, alors ces actes nous paraissent d’autant plus nécessaires et d’autant moins libres que nous établissons avec plus de certitude le lien entre les conséquences et les causes. Si les actes examinés sont simples, si pour l’observation nous avons réuni une grande quantité de tels actes, notre représentation de