Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol12.djvu/61

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haut. Quelque chose bouillait dans leur marmite et un soldat en bonnet et capote bleue, à genoux, éclairé par le feu, mêlait quelque chose avec une baguette.

Oh, c’est un dur à cuire, prononçait un des officiers assis dans l’obscurité, de l’autre côté du bûcher.

Il les fera marcher, les lapins, ricana un autre.

Tous les deux se turent et fixèrent l’obscurité au bruit des pas de Dolokhov et de Pétia qui s’approchaient du bûcher avec leurs chevaux.

Bonjour, messieurs ! prononça nettement et à haute voix Dolokhov.

Les officiers, dans l’ombre du bûcher, se remuèrent et un officier grand, au long cou, en contournant le bûcher, s’approcha de Dolokhov.

C’est vous, Clément ? dit-il. D’où diable… mais voyant qu’il se trompait il n’acheva pas, et, en fronçant un peu les sourcils, il salua Dolokhov et lui demanda ce qu’il désirait.

Dolokhov lui raconta que lui et son camarade cherchaient leur régiment, et s’adressant à tous, en général, il demanda si les officiers ne savaient pas quelque chose du 6e régiment.

Personne ne savait rien. Pétia crut s’apercevoir que les officiers commençaient à les regarder avec hostilité et méfiance. Pendant quelques secondes tous se turent.