Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol12.djvu/97

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Avant le lever du soleil, des coups et des cris forts et fréquents l’éveillèrent. Des Français couraient devant Pierre.

Les Cosaques ! s’écria l’un d’eux. Une minute après, une foule de visages russes entourait Pierre.

Pendant longtemps il ne put comprendre ce qui se passait. De tous côtés il entendait les cris de joie de ses camarades.

— Frères ! Mes amis ! mes chers ! criaient en pleurant de vieux soldats qui enlaçaient les Cosaques et les hussards. Ceux-ci entouraient les prisonniers, et hâtivement, proposaient aux uns des habits, aux autres des bottes, aux autres du pain. Pierre, assis parmi eux, sanglotait et ne pouvait prononcer une parole. Il enlaça le premier soldat qui s’approcha de lui et l’embrassa en pleurant.




Dolokhov, près de la porte d’une maison ruinée, laissait passer devant lui une foule de Français désarmés. Les Français, émus de tout ce qui se passait, parlaient haut entre eux, mais en passant devant Dolokhov qui frappait ses bottes avec la nogaïka et les regardait d’un œil froid, vitreux, qui ne promettait rien de bon, leurs conversations cessaient. De l’autre côté se tenait un Cosaque de Dolokhov qui comptait les prisonniers et marquait