Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol13.djvu/451

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pour nous l’intérêt principal. Nous suivons le développement de Rome ayant en vue le tableau de son apogée. Nous nous intéressons à la formation du royaume de Moscou, parce que nous savons ce que c’est que l’empire russe. D’après mes observations et l’expérience, le premier germe de l’intérêt historique apparaît avec la connaissance de l’histoire contemporaine, parfois, grâce à la conscience d’y participer, grâce à l’intérêt politique, aux discussions, à la lecture des journaux. C’est pourquoi l’idée de commencer l’histoire par l’histoire contemporaine doit venir en tête à chaque maître qui réfléchit. Cet été même, j’ai fait ces expériences et les ai notées. En voici un exemple :

La première leçon d’histoire. — Mon intention était d’expliquer en quoi la Russie se distingue des autres pays, les frontières, les caractères de l’État, parler du règne actuel, dire quand et dans quelles circonstances l’empereur monta sur le trône.

Le maître. — Où vivons-nous ? Dans quel pays ?

Un élève. — À Iasnaïa-Poliana.

Un autre élève. — Dans les champs.

Le maître. — Non, pas ça. Dans quel pays se trouve Iasnaïa-Poliana et toute la province de Toula ?

Un élève. — La province de Toula est à dix-sept verstes de nous. Où elle se trouve ? La province, c’est la province[1].

  1. L’obscurité de cette réponse est due à ce que le mot « province » en russe, signifie en même temps une certaine partie de territoire et le chef-lieu de cette partie de territoire. N. d. T.