Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol13.djvu/468

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Les enfants répètent, mais il est rare qu’ils retiennent un nom quelconque d’un endroit qui se rapporte à l’événement décrit. Ce sont, pour la plupart, les faits seuls qui restent. Cependant, dans les derniers temps, malgré tout l’art avec lequel ce livre masquait l’étude par cœur de noms inutiles, malgré toute la prudence avec laquelle nous nous en servions, les enfants flairèrent qu’on les alléchait seulement par des petites histoires, et ils se dégoûtèrent définitivement de cette étude.

J’en suis venu à cette conclusion, que non seulement il n’est pas nécessaire de connaître l’ennuyeuse histoire russe, mais que Cyrus, Alexandre de Macédoine, César, Luther aussi sont inutiles pour le développement de n’importe quel enfant. Tous les personnages et les événements sont intéressants pour l’élève, non par leur importance dans l’histoire, mais par l’art qui enveloppe leur activité, par la légende artistique créée par l’historien et, pour la plupart, par la tradition populaire.

L’histoire de Romulus et de Rémus est intéressante, non parce que ces frères fondèrent l’État le plus puissant au monde, mais parce que la légende de la louve nourricière est très amusante, très intéressante et très belle. L’histoire des Gracques est intéressante parce qu’elle est absolument la même que celle de Grégoire VII et de l’empereur humilié, et qu’il y a une possibilité d’intéresser les élèves