Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol14.djvu/50

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nous à la suite de la critique de l’ancienne, a rejeté tous les défauts de l’ancienne méthode, bien que dans cette complète opposition des procédés nouveaux aux procédés anciens, opposition poussée jusqu’à l’extrême, grâce au pédantisme coutumier des Allemands, soient apparus de nouveaux défauts, plus grands parfois que les anciens. Autrefois nous enseignions à lire et à écrire en ajoutant aux consonnes de longs suppléments inutiles : (bouki, bb-ouki, viédi, vv-iedi) ; chez les Allemands on ajoutait une voyelle aux consonnes tantôt avant, tantôt, après es, en, de, ce, etc. ; c’était la différence. Maintenant on est tombé dans l’excès contraire et l’on veut prononcer les consonnes sans y joindre de voyelles, ce qui évidemment est impossible. Dans la grammaire d’Ouchinsky (l’inventeur d’une grammaire phonétique) et dans tous les manuels phonétiques, les consonnes sont définies de la façon suivante : Les sons qu’on ne peut prononcer isolément[1]. Et c’est ce qu’on apprend avant tout aux élèves. Quand j’observais qu’on ne peut, à mon avis, prononcer isolément bb et qu’on obtient toujours be on me donnait cette raison que tous ne savent pas prononcer, qu’il faut un certain art pour prononcer les consonnes, et j’ai vu moi-même comment le maître corrigeait une dizaine de fois un élève qui, selon moi, avait prononcé très bien et très brièvement b. Et c’est par ces bb, ssss, sons qu’on

  1. Langue maternelle, 3e année.