Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol14.djvu/84

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le plus souvent, choisit pour instituteur quelqu’un des siens : un paysan qui a été domestique, un soldat en retraite, un sacristain, alors l’école se fait chez le maître et la commune ne se charge que du chauffage. En tout cas, je n’ai jamais entendu dire que la question du local ait embarrassé la commune et que la moitié des sommes destinées à l’instruction ait été dépensée pour cela, comme le fait le Conseil des écoles, ni même qu’on ait dépensé un sixième ou un dixième de ces sommes. Les communes de paysans s’arrangeaient d’une façon ou d’une autre, mais la question du local n’était jamais embarrassante. C’est seulement sous l’influence des autorités supérieures qu’on voit les communes construire pour les écoles des maisons en maçonnerie avec des toits de tôle. Les paysans pensent que ce n’est pas le bâtiment qui fait l’école, mais le maître, et que l’école ne doit pas être un établissement éternel, mais qu’aussitôt que les parents sauront lire et écrire, la génération suivante, sans école, saura également lire et écrire. Au contraire, l’administration du ministère et des zemstvos suppose toujours, — puisque pour elle le seul but est de reviser et classer, — que le principal pour l’école, c’est le bâtiment, que l’école est d’une utilité permanente, et c’est pourquoi elle dépense maintenant pour les bâtiments plus de la moitié de l’argent, et inscrit les écoles vides dans les registres des écoles de troisième catégorie.