Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol15.djvu/149

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épaules. Je suis étonné que vous me posiez cette question.

— Vous avez donné cela ? cria derrière lui Oblonskï ; et, serrant la main de sa sœur il ajouta : Très bien, très bien ! N’est-ce pas un brave garçon ? Au revoir, comtesse.

Et avec sa sœur, il s’arrêta cherchant la femme de chambre.

Quand ils sortirent, la voiture de Vronskï était déjà partie. Les voyageurs sortaient, causant encore de l’accident qui venait d’arriver.

— Voilà une mort terrible ! disait un monsieur, en passant devant eux. On dit qu’il a été coupé en deux…

— Je trouve au contraire que c’est la mort la plus belle ; elle est instantanée… remarquait un autre.

— Pourquoi donc ne prend-on pas plus de précautions ? objectait un troisième.

Madame Karénine s’assit dans la voiture et Stépan Arkadiévitch remarqua avec étonnement que ses lèvres tremblaient et qu’à grand peine elle retenait ses larmes.

— Qu’as-tu, Anna ? lui demanda-t-il quand ils eurent parcouru une centaine de mètres.

— C’est un mauvais présage, répondit-elle.

— Quelle sottise ! Te voici arrivée, c’est le principal… Tu ne peux t’imaginer combien j’espère en toi…