Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol15.djvu/42

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tune assez importante de sa femme, étaient peu prospères. La moitié de Moscou et de Pétersbourg avait des liens de parenté ou d’amitié avec Stépan Arkadiévitch. Il était né parmi ces gens qui étaient ou devinrent les puissants de ce monde. Un tiers des hommes d’État, âgés, amis de son père, l’avaient connu au berceau, l’autre tiers le tutoyait, et le troisième était composé de ses meilleurs amis. Ainsi les dispensateurs des biens de ce monde, des places, des concessions, des sinécures et autres, étaient de ses amis et ne pouvaient négliger un des leurs.

Oblonskï n’avait donc aucun effort à faire pour obtenir une place avantageuse. Il n’avait qu’à ne pas la refuser, à ne pas exciter de jalousies, de querelles, ni d’offenses, ce qui lui était facile en raison de sa bonté naturelle. Il eût trouvé plaisante l’idée qu’on pût lui refuser une place dont les appointements lui étaient nécessaires, d’autant plus qu’il n’exigeait rien d’extraordinaire. Il ne demandait qu’à bénéficier des mêmes faveurs que ses camarades et il ne s’en trouvait pas plus indigne que les autres.

Non seulement Stépan Arkadiévitch était aimé de tous ceux qui connaissaient son humeur bon enfant et sa parfaite affabilité, mais il y avait dans toute sa personne, dans son visage agréable et ouvert, dans ses yeux brillants, ses sourcils et ses cheveux noirs, ses joues blanches et roses, il y avait quelque