Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol16.djvu/213

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— Effectivement. C’est l’œuvre de Nastia, dit-elle en désignant sa sœur.

— Vous enseignez vous-même ? demanda Lévine s’efforçant, sans pouvoir y parvenir, de fixer son regard plus haut que l’échancrure de la robe.

— J’ai en effet donné des leçons et j’en donne encore, mais nous avons aussi une excellente institutrice. Nous avons même introduit dans cette école l’enseignement de la gymnastique.

— Non, merci, je ne veux plus de thé, dit Lévine. Et, conscient de son impolitesse, mais n’ayant pas la force de poursuivre cette conversation, il se leva en rougissant.

— J’entends là-bas, dit-il, une conversation qui m’intéresse beaucoup.

Et il se dirigea vers l’autre extrémité de la table où se trouvait le maître de la maison en compagnie des deux propriétaires.

Assis auprès de la table, Sviajskï d’une main tenait sa tasse, et de l’autre se caressait la barbe en la remontant vers son nez, puis l’abandonnait pour la reprendre ensuite. De ses yeux noirs et brillants, il fixait l’un de ses interlocuteurs, un homme à moustaches grises, qui paraissait prendre un vif intérêt et un grand plaisir à l’écouter.

Le propriétaire se plaignait du peuple. Lévine ne doutait pas que Sviajskï, sans beaucoup de peine, eût pu faire cesser les jérémiades du propriétaire au moyen de quelques mots d’une logique