Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol16.djvu/296

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— Parler à M. l’avocat.

— Il est occupé, répondit sèchement le secrétaire en désignant de sa plume les personnes qui attendaient.

Puis il se remit à écrire.

— Ne pourrait-il pas m’accorder un instant ? demanda Alexis Alexandrovitch.

— Il n’a pas un moment de liberté, il est toujours occupé. Veuillez attendre.

— Dans ce cas, ayez l’obligeance de lui passer ma carte, dit avec dignité Alexis Alexandrovitch, cédant à la nécessité de dévoiler son incognito.

Le secrétaire prit la carte, y jeta un regard mécontent et passa dans le cabinet de l’avocat.

Alexis Alexandrovitch approuvait, en principe, les nouveaux tribunaux ; il critiquait néanmoins quelques-uns des détails de leur application chez nous, au point de vue de la considération supérieure du service, mais il ne critiquait ceux-ci qu’autant qu’il lui était permis de le faire d’une institution sanctionnée par le pouvoir suprême. Toute sa vie s’était écoulée dans l’administration ; c’est pourquoi, dans les choses qu’il n’approuvait pas, il admettait l’erreur comme un mal inévitable auquel on pouvait, dans certains cas, porter remède. Dans la nouvelle organisation judiciaire, il blâmait notamment les conditions dans lesquelles était placé l’ordre des avocats ; mais comme il n’avait encore jamais eu affaire à ceux-ci, cette