Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol16.djvu/72

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— Non, il n’a pas trois mois, répondit avec fierté Daria Alexandrovna.

— Vraiment !

— Et tu as des enfants ? demanda Dolly à son tour.

— J’en ai eu quatre, mais il ne m’en reste que deux, un garçon et une fille, il n’y a pas longtemps que je l’ai sevrée.

— Et quel âge a-t-elle ?

— Bientôt deux ans.

— Pourquoi l’as-tu nourrie si longtemps ?

— C’est l’usage chez nous : trois carêmes.

La conversation prenait un tour particulièrement intéressant pour Daria Alexandrovna ; on parla successivement des couches, des maladies des enfants et du mari.

Daria Alexandrovna ne voulait pas quitter les femmes tant elle était intéressée par leur conversation lui révélant l’identité de leurs intérêts ; elle était particulièrement touchée de voir que les paysannes admiraient surtout le nombre et la beauté de ses enfants. Puis ces femmes la firent rire et choquèrent miss Hull par leurs éclats intempestifs.

Une des plus jeunes regardait attentivement l’Anglaise qui se rhabillait la dernière et mettait successivement trois jupes ; finalement, elle ne put s’empêcher de s’écrier : « Eh bien ! elle en met, elle en met, ça n’en finit pas ! » Et toutes éclatèrent de rire.