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Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol18.djvu/124

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Mais la réalité, le temps, ont montré que sa situation est pénible, impossible…

— La vie d’Anna Arkadievna ne peut pas m’intéresser, interrompit Alexis Alexandrovitch en levant les sourcils.

— Permets-moi de n’en rien croire, objecta doucement Stépan Arkadiévitch. Sa situation est pénible pour elle et sans aucun avantage pour n’importe qui… Tu diras qu’elle a ce qu’elle mérite… elle le sait et ne te demande rien. Elle dit franchement qu’elle n’ose rien te demander. Mais moi, mais tous ses parents, nous tous qui l’aimons, nous te supplions… Pourquoi souffre-t-elle ? À qui cela profite-t-il ?

— Permettez, vous me placez, il me semble, dans la situation de l’accusé…

— Non, non, nullement. Comprends-moi…, dit Stépan Arkadiévitch, lui touchant cette fois le bras, comme s’il était persuadé que ce contact adoucissait son beau-frère. — Je ne dis qu’une chose : sa situation est pénible. Elle peut être adoucie par toi, sans te faire aucun tort… j’arrangerai tout de telle façon que tu ne t’en ressentiras pas… En somme, tu l’as promis…

— La promesse fut faite auparavant… En outre je suppose que la question du fils a résolu l’affaire. Enfin j’espérais qu’Anna Arkadievna aurait la générosité… prononça avec effort Alexis Alexandrovitch, pâle, les lèvres tremblantes.