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Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol18.djvu/159

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amour pour Serge que je lui ai sacrifié. Oh ! ce désir de me faire du mal ! Non, il aime une autre femme ; il n’en peut être autrement. »

Tout à coup, s’apercevant qu’au lieu de se calmer, elle parcourait de nouveau le cercle de ses pensées et revenait à l’irritation ancienne, elle fut horrifiée d’elle-même. « Est-ce donc impossible ? » se dit-elle. « Ne puis-je pas tout prendre sur moi ? Il est juste, honnête ; il m’aime ; je l’aime ; un de ces jours le divorce va être prononcé… Que faut-il encore ? Il faut du calme, de la confiance ; je prendrai tout sur moi. Oui, quand il va rentrer je lui dirai que j’ai été coupable, bien que cela ne soit pas, et nous partirons ».

Puis, pour ne pas penser davantage et ne pas céder à l’irritation, elle sonna et donna l’ordre d’apporter les malles pour emballer ce qu’elle devait emporter à la campagne.

À dix heures Vronskï rentra.