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Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol18.djvu/182

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veau travaillèrent douloureusement son cœur malade. Maintenant elle ne pouvait comprendre comment elle avait pu s’humilier à passer toute la journée avec lui, chez lui !

Elle alla le rejoindre pour lui faire part de sa décision.

— C’est madame Sorokine avec sa fille. Elles sont venues m’apporter l’argent et les papiers, de la part de maman ; hier, je n’ai pas pu la voir. Comment va ta tête ? Mieux ? dit-il tranquillement, ne voulant ni voir ni comprendre l’expression sombre et solennelle de son visage.

Debout au milieu de la chambre, elle le regardait fixement, silencieusement. Il la regarda rapidement, fronça les sourcils et continua de lire la lettre.

Elle se détourna et lentement sortit de la chambre.

Il pouvait encore la faire revenir, mais elle était à la porte et il se taisait toujours. On n’entendait que le froissement de la feuille de papier retournée.

— Oui, à propos, dit-il comme elle franchissait la porte, nous partons demain ? C’est définitif ?

— Vous, mais pas moi, dit-elle en se retournant vers lui.

— Anna ! c’est impossible de vivre ainsi !

— Vous, mais pas moi, répéta-t-elle.

— Cela devient insupportable !

— Vous vous en repentirez, dit-elle, et elle sortit.