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Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol18.djvu/201

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XXX

« La voilà de nouveau ! De nouveau je comprends tout ! » se dit Anna aussitôt que la voiture s’ébranla cahotée sur les pavés pointus, et de nouveau les impressions coururent l’une après l’autre.

« Ainsi à quoi pensais-je si bien, en dernier ? » disait elle tâchant de se rappeler. « Tutkine, coiffeur ? Non, pas ça. Ah ! ce que disait Iachvine : la lutte pour la vie, la haine, c’est la seule chose qui lie les hommes… Non, c’est en vain que vous partez ! » dit-elle s’adressant mentalement à une compagnie, dans une voiture à quatre chevaux, qui devait aller en pique-nique à la campagne. « … Et le chien que vous emmenez ne vous aidera pas… Vous ne vous enfuirez pas de vous-mêmes. »

Jetant un regard du côté où se retournait Pierre, elle aperçut un ouvrier d’usine, ivre-mort, la tête vacillante et qu’un gardien emmenait.