Aller au contenu

Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol18.djvu/264

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

également comment le faire et quelle occupation était plus importante que les autres.

Il savait qu’il fallait louer les ouvriers le moins cher possible, mais qu’il ne fallait pas les lier par des avances d’argent, afin de les payer moins cher qu’ils ne valaient, bien que ce fût très avantageux. Pendant la disette, on pouvait vendre le blé aux paysans, bien qu’on eût pitié d’eux, mais il fallait fermer l’auberge et le débit, malgré le gain qu’on en tirait. Il fallait être impitoyable pour la coupe de bois, mais on ne pouvait exiger une amende pour le bétail venu sur la terre du maître ; les gardes étaient mécontents, la crainte disparaissait, néanmoins on ne pouvait retenir le bétail capturé.

À Pierre, qui payait à un usurier dix pour cent par mois, il fallait prêter de l’argent pour le tirer de cet engrenage, mais on ne pouvait faire grâce de la redevance, ou l’ajourner, aux paysans mauvais payeurs. On ne pouvait passer à l’intendant le fait que le champ n’était pas fauché et que l’herbe était perdue, mais on ne pouvait aussi faucher quatre-vingts déciatines, sur lesquelles était planté un jeune bois. On ne pouvait pas admettre qu’un ouvrier abandonnât le travail pour aller chez lui voir son père mort — quelque part qu’on prît à sa peine, — et il fallait tenir compte de la valeur de la main-d’œuvre au moment de son absence, mais il était impossible de ne pas payer le vieux domestique qui n’était plus bon à rien.