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Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol18.djvu/283

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sence, et il tâchait de deviner quel était l’ami qui accompagnait son frère.

Son frère, sa femme, l’ami inconnu, maintenant se présentaient à lui autrement qu’auparavant. Il lui semblait que désormais ses rapports avec tous seraient autres.

« Avec mon frère, il n’y aura plus cette indifférence qui exista toujours entre nous, il n’y aura plus de discussions. Avec Kitty, il n’y aura plus de querelles : avec l’ami, quel qu’il soit, je serai doux et bon ; avec tous les autres, avec Ivan, tout sera autrement. »

Serrant les guides du cheval qui reniflait d’impatience et voulait partir, Lévine se tourna vers Ivan. Celui-ci assis près de lui, et ne sachant que faire de ses mains inoccupées, tirait sans cesse sa blouse gonflée. Lévine cherchait un prétexte pour entamer la conversation. Il voulut lui dire qu’il avait eu tort de serrer ainsi les harnais, mais c’eût été un reproche et il voulait converser amicalement avec lui. Pourtant rien d’autre ne lui venait en tête.

— Veuillez prendre à droite, monsieur, c’est un tronc, dit le cocher, en tirant sur les guides que tenait Lévine.

— Je t’en prie, ne touche pas et ne me donne pas de leçons, dit-il agacé par cette intervention du cocher.

Comme toujours en pareil cas, il fut pris d’un vif