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Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol18.djvu/295

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de la guerre ?… Tu sais, ce qu’on a lu dans l’église ?… Qu’en penses-tu ? Devons-nous faire la guerre pour les chrétiens ?

— Que pouvons-nous penser ? Alexandre Nicolaievitch, notre empereur, a pensé pour nous, comme il pensera dans toutes les affaires. Il sait mieux… Faut-il apporter encore du pain pour les enfants ? dit-il s’adressant à Daria Alexandrovitch et regardant Gricha qui terminait sa croûte.

— Je n’ai pas besoin d’interroger, dit Serge Ivanovitch ; nous avons vu et voyons des centaines et des centaines d’hommes quitter tout pour collaborer à l’œuvre de justice ; ils arrivent de tous les côtés de la Russie et expriment clairement leur but et leur pensée. Ils nous apportent leur obole ou partent eux-mêmes, disant nettement pourquoi. Que signifie cela ?

— Selon moi, cela signifie, dit Lévine qui commençait à s’échauffer, que parmi quatre-vingt millions d’individus il s’en trouve toujours des centaines, même des dizaines de mille qui ont perdu leur situation, ne sont bons à rien et sont prêts à se joindre à la bande de Pougatchev, à Kiva, en Serbie…

— Moi je te dis que ce ne sont pas des centaines de propres à rien, mais les meilleurs représentants du peuple, repartit Serge Ivanovitch avec une violente irritation, comme s’il dépensait ses derniers arguments. Et les quêtes ? Là c’est déjà tout le