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Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol18.djvu/313

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d’avance que la solution encore inconnue de ce doute était prête dans son âme. « Oui, la seule manifestation évidemment indiscutable de la divinité, réside dans les lois du bien, données au monde par la révélation, que je sens en moi, que je reconnais, m’unissant ainsi, bon gré, mal gré, aux autres hommes, dans cette société de croyants qu’on appelle l’Église. Eh bien, et les juifs ? les mahométans, les confucianistes, les bouddhistes ? Que sont-ils ? » C’était la question dangereuse. « Est-ce que ces centaines, ces millions d’hommes, sont privés de ce bonheur suprême sans lequel la vie n’a pas de sens ? »

Il devint pensif, mais aussitôt se ressaisit.

« Mais qu’est-ce que je demande ? Je m’occupe du rapport de toutes les croyances, les plus variées de l’humanité, envers la divinité. Je m’occupe de la manifestation générale de Dieu, pour tout le monde, avec toutes ses taches nébuleuses. Que fais-je ? À moi personnellement, à mon cœur, est révélée indiscutablement une connaissance incompréhensible par la raison, et moi je veux la connaître par la raison et l’exprimer par des paroles. »

« Est-ce que je ne sais pas que les étoiles ne se déplacent pas ? » se demanda-t-il en regardant un astre clair, brillant, qui déjà avait changé de place, relativement à la branche la plus élevée d’un bouleau. « Mais, en observant le mouvement des étoiles, je ne puis me représenter la rotation de