Aller au contenu

Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol18.djvu/318

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

demi-mécanique, si difficile pour défunt son frère, Nicolas, de transporter par la plume, sur le papier, l’œuvre créée.

C’est de ce travail qu’il s’agit quand il écrit dans sa lettre : « Je commence. » Chez tous les vrais artistes, ce travail ne commence qu’après que le travail intérieur, mystérieux, créateur, touche à sa fin.

Le début du roman fut écrit dans les circonstances suivantes :

Dans la famille Tolstoï, on lisait à haute voix les nouvelles de Pouschkine. L. Tolstoï s’approcha du lecteur. Il s’arrêta. Alors Tolstoï prit le livre pour voir ce qu’on avait lu et ses yeux tombèrent sur le commencement d’une nouvelle intitulée : Feuilles détachées : « La veille de la fête, les invités commencèrent à se réunir… » Ce commencement plut beaucoup à Tolstoï.

« Voilà comment il faut commencer ! dit-il. Le lecteur est ainsi transporté d’un coup dans l’action même. Un autre écrivain aurait commencé par la description des invités, des chambres, et Pouschkine, lui, va droit au but. »

Quelqu’un des assistants proposa à Tolstoï, en plaisantant, de s’approprier ce commencement et d’écrire un roman. Tolstoï se retira dans sa chambre, et jeta immédiatement sur le papier le commencement d’Anna Karénine, qui, dans la première version, débutait ainsi : « Tout était bouleversé dans la maison des Oblonskï… » Par la suite Tolstoï ajouta