Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol18.djvu/79

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ciété ; le peuple, lui, boit aux jours de fête, mais… Kitty ne s’intéressait nullement à la beuverie du peuple. Elle avait remarqué sa rougeur et désirait en savoir la cause.

— Eh bien, après, où es-tu allé ?

— Stiva m’a beaucoup prié d’aller voir Anna Arkadievna.

En disant ces mots, Lévine rougit encore davantage et l’incertitude de bien ou de mal agir qu’il avait éprouvée en allant chez Anna fut définitivement dissipée : il savait maintenant qu’il n’aurait pas dû y aller.

Au nom d’Anna, les yeux de Kitty brillèrent d’un éclat particulier, mais faisant un effort sur elle-même, elle cacha son émotion et dit seulement : Ah !

— Je pense que tu n’en seras pas fâchée ? Stiva me l’a demandé si instamment et Dolly le désirait, continua Lévine.

— Nullement, dit-elle, mais dans son regard il lut une tension dont il n’augura rien de bon.

— C’est une femme charmante, très malheureuse et très belle, dit-il, et il parla des occupations d’Anna et répéta ce qu’elle l’avait chargé de lui dire.

— Sans doute, elle est très malheureuse, dit Kitty, quand il s’arrêta… De qui les lettres ?

Il lui répondit, et trompé par son ton calme il alla se déshabiller.

Quand il revint, il trouva Kitty à la même place.