Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol20.djvu/351

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meurer dans la foi chrétienne et dans la piété jusqu’à la fin de sa vie (p. 323).

Puis, il est dit que l’appui de cette grâce extérieure ne s’épuise pas par le baptême et par la foi, que pour le salut l’aide incessante de la hiérarchie est encore nécessaire.

Tout cela semblerait clair, mais voici le § 190, où l’on discute sur les hérétiques. Dans ce paragraphe et le suivant apparaissent avec évidence toute la stupidité, l’arbitraire et le néant de cette doctrine. La hiérarchie a besoin d’une telle doctrine qui fasse aboutir toute la doctrine sur la vie à celle des rites sacerdotaux. Mais elle ne peut l’avouer franchement. L’immoralité d’une pareille doctrine serait trop évidente. En outre cette question soulève beaucoup de discussions. Les uns disaient logiquement : Si la grâce sauve, les libres efforts de l’homme sont inutiles. Les autres disaient : si les libres efforts de l’homme sont nécessaires, tout réside en eux et la grâce leur est communiquée. Mais notre théologie réfute les uns et les autres et reste dans cet imbroglio.

§ 190. — Contrairement aux erreurs des calvinistes et des jansénistes, qui prétendent que Dieu n’accorde sa grâce qu’à certains hommes seulement qu’Il prédestina sans condition à la justice et à la félicité éternelle, et par cela même qu’Il leur accorda une grâce irrésistible, l’Église orthodoxe enseigne : 1o que la grâce divine s’étend sur tous les hommes, et non sur les seuls prédestinés à la justice et à la félicité éternelle ; 2o que la