Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol20.djvu/85

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d’indigence la maison de l’impie ». (Prov., iii, 33 ; Comp., xv, 25) ; « qu’Il fera retomber sur les méchants leur iniquité et les fera périr par leur propre malice. » (Ps., xciii, 23.) Elle appelle Dieu un feu dévorant : « Notre Dieu est un feu dévorant. » (Hébr., xii, 23 ; Deut., iv, 24.) Enfin elle lui attribue, par anthropologie, la colère et la vengeance : « On y découvre aussi la colère de Dieu, qui éclatera du ciel contre toute l’impiété et l’injustice des hommes qui retiennent la vérité de Dieu dans l’injustice. » (Rom., i, 18 ; comp. Ex., xxxii, 10 ; Nombres, xi, 10 ; Ps., ii, 5, 12 ; lxxxvii, 16 ; Ez., vii, 14). « C’est à Moi que la vengeance est réservée, c’est Moi qui la ferai, dit le Seigneur. » (Rom., xii, 19 ; Hebr., x, 30 ; Deut., xxxii, 35). « L’Éternel est le Dieu des vengeances » (Ps. xciii, 1, p. 175-176).

Cette contradiction évidente n’arrêterait pas davantage l’auteur que les précédentes, dans chacune des sections des attributs de Dieu. Mais dans ce cas il s’arrête, car cette contradiction a été remarquée depuis longtemps, a soulevé des objections, et les Saints Pères, sur l’autorité desquels s’appuie tout le livre, ont écrit sur ce sujet. Voici ce qu’ils en ont dit :

« Le vrai Dieu doit nécessairement réunir la bonté et la justice ; sa bonté est une bonté toute juste, et sa justice, une justice toute bonne ; il reste juste même lorsqu’il nous pardonne nos péchés et nous fait grâce, il reste bon même lorsqu’il nous châtie pour nos péchés, parce qu’il nous châtie comme fait un père, non point par colère ou par vengeance, mais pour nous corriger et dans notre intérêt moral ; et par conséquent ses châtiments mêmes sont bien moins des preuves de sa justice que de sa bonté paternelle et de son amour pour nous » (p. 176).