Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol21.djvu/30

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tieux. Il est évident que les miracles furent décrits par Luc afin d’affermir les hommes dans la foi, et il est probable que certains, impressionnés par ces récits, sont devenus plus fervents. Mais de nos jours on ne peut trouver un livre plus sacrilège, un livre qui détruise davantage la foi. La bougie est peut-être nécessaire où il y a les ténèbres, mais à la lumière elle est inutile ; on verra clair sans elle. Les miracles de Christ, ce sont les bougies qu’on apporte à la lumière pour l’éclairer. Il y a la lumière, point n’est besoin de bougies. Il n’y a pas de lumière, c’est la bougie seule qui éclaire.

Ainsi il ne faut pas, et on ne peut pas, lire les vingt-sept livres consécutivement, en tenant chaque mot pour la vérité, comme le fait l’Église, ou l’on arrive juste à la même conclusion que l’Église, c’est-à-dire à la négation de soi-même. Pour comprendre le contenu de l’Écriture appartenant à la foi chrétienne, il faut d’abord résoudre lesquels, parmi ces vingt-sept livres donnés pour sacrés, sont plus ou moins importants, essentiels, et commencer par ceux-ci. Tels sont indiscutablement les quatre Évangiles. Ce qui les précède peut être tout au plus intéressant comme matériaux historiques pour comprendre les Évangiles. Tout ce qui suit n’est que l’explication des mêmes livres. Il ne faut donc pas, comme le font les Églises, chercher la concordance de tous les