Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol21.djvu/303

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se multiplient d’eux-mêmes ; et seulement, quand le grain est venu, le maître envoie des faucheurs. De même Dieu a donné au monde son fils, l’entendement. L’entendement croît de lui-même dans le monde et les fils de l’entendement font le royaume de Dieu.

« De même que la femme met le levain dans le pétrin, le mélange avec la pâte, et n’y touche plus jusqu’à ce que la pâte lève d’elle-même.

« Tant que les hommes vivent, Dieu ne s’occupe pas de leur vie. Dieu a donné au monde l’entendement, et l’entendement vit lui-même dans les hommes et fait le royaume de Dieu. Dieu-esprit, c’est Dieu de la vie et du bonheur ; c’est pourquoi il n’y a pour lui ni mort ni mal. La mort et le mal existent pour les hommes et non pour Dieu.

« Voici à quoi peut se comparer le royaume de Dieu : le maître a semé du bon grain dans son champ. Le maître c’est l’esprit de Dieu ; le champ c’est le monde ; les grains sont les fils du royaume de Dieu. Le maître se couche pour dormir, et son ennemi vient et sème dans le champ de mauvais grains. L’ennemi, c’est la tentation ; les mauvais grains, les fils de la tentation. Alors les ouvriers viennent chez le maître et lui disent : As-tu donc semé de mauvais grains dans ton champ, car il y a beaucoup de mauvaises herbes ? Envoie-nous les arracher. Et le maître dit : Il ne faut pas, autrement vous commenceriez à arracher les mauvaises