Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol21.djvu/314

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mon sur la montagne, et avec tout le sermon sur la montagne.

Jean était un mendiant, un vagabond. Jésus, toute sa vie, fut un vagabond. Jésus enseigne que les riches ne peuvent entrer dans le royaume de Dieu ; qu’il faut renoncer à tout, etc. Tout le sermon sur la montagne ne parle guère que de cela ; il débute en disant que les vagabonds sont heureux et il finit en disant qu’il ne faut pas amasser mais vivre comme les oiseaux et les fleurs des champs.

De tout cela il est clair que le mot πνεύματι n’est pas omis chez Luc mais ajouté chez Matthieu.

Mais comment et pourquoi ce mot est-il ajouté ?

Il se peut qu’on ait écrit dans une copie : Les mendiants sont heureux en esprit, μαϰάριοι οἱ πτωχοὶ τῷ πνεύματι, c’est-à-dire que les mendiants, les vagabonds, sont quand même heureux en esprit. On peut s’expliquer ainsi l’apparition inattendue de πνεύματι. Puis les hommes, guidés par ce même sentiment dont fut saisi le riche adolescent quand il apprit que le royaume de Dieu appartenait aux vagabonds, dans les copies suivantes ajoutèrent ce mot πνεύματι ἁ πτωχοί, et, comme Jéronime, expliquèrent que Jésus avait ajouté intentionnellement « d’esprit » afin qu’il soit clair, qu’il s’agit non des pauvres mais des humbles. Le sens obscur de ce premier mot chez Matthieu a fait que dans les copies, de ces mêmes premiers versets, sont entrées, chez Matthieu, des maximes qui ne