Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol21.djvu/358

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5) Je dis provient parceque telle est la signification de ἐϰ.


Voici ce que dit Reuss sur ce passage remarquable pour nous par son sens prophétique[1] :

Le quatrième exemple est celui du serment. Le décalogue, au troisième commandement, et la loi en général (Lev., xix, 12) se contentait de défendre le parjure, soit dans le sens propre de ce mot, d’après lequel il signifie un mensonge placé sous le patronage de Dieu, invoqué comme témoin, et où il est par conséquent un crime de lèse-majesté divine, soit dans le sens de la rupture d’une promesse faite sous la foi du serment (il ne s’agit pas spécialement dans notre texte de ce qu’on appelle des vœux). Jésus va beaucoup plus loin ; il accomplit la loi, comme il l’a déjà fait dans l’exemple précédent, de manière à la contredire en quelque sorte, du moins à la représenter comme imparfaite, comme restant au-dessous du niveau auquel doivent se placer les membres du royaume des cieux. (Matth., xix, 8). Il interdit le serment péremptoirement. L’usage de cette forme particulière de l’assertion est la conséquence du manque de véracité parmi les hommes, qui ont ainsi voulu se prémunir contre les chances de fraude dont ils auraient pu devenir les victimes. Ce fait seul fait reconnaître le serment comme indigne d’une société comme doit l’être celle du royaume des cieux. Là, on se bornera à dire oui ou non, selon le cas. Cette seule parole doit être une garantie suffisante.

Tout ce qu’on y ajouterait, dans le but d’écarter toute méfiance, prouverait plutôt que celle-ci a sa raison d’être et que, par conséquent, le malin, le diable, l’instigateur de tout mal, y a sa main de manière ou

  1. Reuss, pp. 209, 210.