Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol21.djvu/382

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Pour chacun il dit : Comment un homme peut-il juger un autre. Celui qui juge doit voir ce qui est bien et ce qui est mal. Or comment peut-il voir ce qui est bien et ce qui est mal quand lui-même juge, c’est-à-dire se propose de venger et de punir. Du fait même qu’il juge, il confirme le mal ; par conséquent, s’il juge, il est lui-même l’aveugle qui veut conduire l’aveugle. Voilà pour chacun.

Pour tous il résulte que : 1o s’il juge, on le jugera aussi ; et 2o il pense corriger, donner l’exemple, et il ne fait que gâter et dépraver. C’est bien ! Il enseigne, il punit, mais le disciple ne peut apprendre plus que ne sait son maître. Le maître enseigne qu’il faut se venger, c’est ce qu’apprend l’élève.

Ainsi les hommes enseignent aux autres la punition, et ils s’enfoncent de plus en plus dans les ténèbres. Ils disent qu’ils agissent pour le bien, et ils tuent ! Le meurtre ne peut pas provenir du bon désir, de même que le mauvais fruit ne peut croître sur un bon arbre. Le bon arbre donne le bon fruit, de même, d’un homme bon ne peuvent naître la vengeance et la punition. C’est pourquoi, s’ils punissent, ne croyez pas qu’ils sont bons.

Tel est le sens de ce passage, et voici comment l’Église l’interprète :

Ne résiste pas à la violence : à la méchante action d’un homme non bon ou méchant ; et puisque l’auteur du mal c’est le diable, on peut comprendre ici que c’est le