Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol28.djvu/100

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une infamie. Comment des hommes instruits, ça…

MITRITCH

Pour eux, mon cher, c’est une affaire fort agréable. Saisis bien. Quand un homme un peu bête ou bien encore une femme ne sait pas utiliser son argent, ils le portent à la banque et eux, que le bon Dieu les protège ! ils empochent et avec cet argent-là, ils écorchent le peuple. C’est malin.

akim, soupirant.

Eh ! je vois ça, sans argent on est malheureux… avec, on l’est encore plus… Comment, le bon Dieu nous a commandé de travailler, et toi, oui… tu as mis l’argent dans la banque… et tu dors… L’argent te nourrit sans que tu fasses œuvre de tes dix doigts !… C’est une infamie, ça, ce n’est pas d’après la loi !

MITRITCH

La loi ! On s’en fiche pas mal maintenant ! On écorche proprement, voilà !

akim, soupirant.

Oh ! quel temps ! Ainsi, dernièrement… j’ai vu… en ville des cabinets d’aisances… quelles inventions ! Ils sont cirés, vois-tu, coquets comme une auberge et tout ça en pure perte… Et Dieu… on l’a oublié… on l’a oublié, vois-tu !… Oublié, nous l’avons oublié, Dieu, le bon Dieu ! (À Anicia.) Merci, ma chère, je suis rassasié, content. (Il se lève de table. Mitritch monte sur le poêle.)