Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol28.djvu/152

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Il n’y a pas lieu de vanter les hommes, mais les femmes… Celles-là, de vraies bêtes fauves ! Elles ne craignent rien !

AnioutKA, se levant.

Petit grand-père ! Eh ! petit grand-père !

MITRITCH

Voyons, qu’est-ce qu’il y a encore ?

ANIOUTKA

Dernièrement un piéton qui couchait ici, disait : — Si un bébé meurt, son âme monte tout droit au ciel. Est-ce que c’est vrai, ça ?

MITRITCH

Qui sait ? Peut-être bien que oui. Mais pourquoi cette question ?

ANIOUTKA

Si par exemple, je mourais ?… (Elle pleure.)

MITRITCH

Si tu meurs, on te rayera des cadres.

ANIOUTKA

Jusqu’à dix ans, on est toujours bébé. Peut-être bien que l’âme montera encore vers Dieu. Plus tard, on devient vilain.

MITRITCH

Ce qu’on devient vilain, ah pour sûr ! Comment veux-tu que vous autres femmes, vous ne deveniez pas vilaines ? Qui vous enseigne ? Que vois-tu, qu’entends-tu autour de toi ? Rien que des abominations. Moi, je n’ai pas beaucoup appris, mais je