Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol28.djvu/31

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MATRIONA

Ça ne m’étonne pas ! Tiens, viens voir ici. (Elle chuchote et regarde de tous côtés.) J’ai été voir le petit vieux pour les poudres. Il m’a donné une drogue à deux fins. Regarde ici : — « Ça, m’a-t-il dit, c’est une poudre pour faire dormir. Donne-lui en un paquet, il dormira tellement qu’on pourra lui danser sur le ventre et ceci, qu’il a ajouté, est une drogue qui, si tu la lui donnes en boisson, ne laissera aucune odeur, mais qui a une très grande force. C’est pour sept fois : une pincée par fois. Donne-les-lui en sept fois et après cela, qu’il dit, elle aura sa liberté. »

ANICIA

Oh ! qu’est-ce que c’est donc ?

MATRIONA

Ça ne laisse aucune trace. Il m’a pris un rouble. Il ne peut pas à moins, qu’il m’a dit, parce que, vois-tu, ces poudres sont très difficiles à composer. Je les ai payées de mon argent, ma fraise. Si tu n’en veux pas, je les porterai à Mikaïlovna.

ANICIA

Oh ! mais, il en résultera peut-être du mal ?…

MATRIONA

Quel mal donc, ma fraise ? Si encore ton vieux était solide, mais il n’a que le souffle, il ne peut pas vivre. Il y en a beaucoup qui en font autant.