Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol3.djvu/152

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— Cependant je ne veux pas vous retenir, — dit le khorounjï en se brûlant pour vider son verre. Moi aussi j’ai une forte passion pour la pêche, et ici, je suis en congé, comme distraction de mon service. J’ai aussi le désir d’essayer la chance si je ne trouverais pas les dons du Térek. J’espère qu’un jour vous me ferez visite pour boire de notre vin, selon la coutume des stanitza, — ajouta-t-il.

Le khorounjï salua, serra la main d’Olénine et sortit. Pendant qu’il s’habillait, Olénine entendit la voix impérieuse du khorounjï qui donnait des ordres à ses familiers. Quelques minutes après, Olénine l’aperçut, passant devant sa fenêtre, en pantalons retroussés jusqu’aux genoux, en bechmet déchiré et avec un filet sur l’épaule.

— Le coquin ! — fit Erochka qui achevait son thé. — Eh bien, tu lui paieras six pièces ? A-t-on jamais vu cela ! On donnera pour deux pièces la meilleure cabane de la stanitza. Quel coquin ! Tiens, je te céderai même la mienne pour trois pièces.

— Non. Je reste ici, — répondit Olénine.

— Six pièces, évidemment, c’est de l’argent fou, ah ! ah ! — fit le vieillard. — Donne du vin, Ivan.

Après avoir mangé et bu de l’eau-de-vie pour la route, Olénine et le vieillard sortirent à huit heures du matin. Dans la porte cochère, ils se heurtèrent à un chariot attelé. Marianka, enveloppée jusqu’aux yeux d’un châle blanc, un bech-