Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol3.djvu/160

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faisans, qui, comme des tunnels, descendaient de la route dans l’épaisseur de la forêt. La puissance de cette végétation, dans cette forêt, frappait à chaque pas Olénine qui n’avait encore rien vu de pareil. Cette forêt, le danger, le vieillard avec son chuchotement mystérieux, Marianka, à la taille gracieuse et robuste, et les montagnes, tout cela semblait à Olénine un rêve.

— Un faisan ! — murmura le vieillard en regardant et enfonçant son bonnet sur son visage. — Cache ta tête, c’est un faisan. — Il fit des gestes menaçants à Olénine, et, presque à quatre pattes, se glissa plus loin. — Il n’aime pas la gueule de l’homme.

Olénine était encore derrière, quand le vieux s’arrêta et se mit à examiner l’arbre. Le faisan, du haut de l’arbre, poussa un cri sur le chien qui aboyait après lui, et Olénine aperçut le faisan. Mais en même temps un coup formidable, comme celui d’un canon, éclatait du grand fusil d’Erochka, et le coq qui se soulevait pour s’envoler, laissa tomber des plumes et lui-même s’abattit à terre. En s’approchant du vieillard, Olénine effraya un autre faisan. Il saisit son fusil, visa et tira. Le faisan s’éleva tout droit puis, comme une pierre, en s’accrochant aux branches tomba dans la forêt.

— Bravo ! — cria en riant le vieillard qui ne savait pas tirer à la volée.

Ils prirent le faisan et partirent plus loin.