Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol3.djvu/176

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papier quelconque, on le remit à l’émissaire ; celui-ci donna de l’argent et tous s’approchèrent du corps.

— Lequel de vous est Gavrilov Louka ? — demanda le centenier.

Loukachka ôta son bonnet et s’approcha.

— J’ai envoyé sur toi un rapport au chef du régiment. Qu’en adviendra-t-il, je ne sais ; j’ai demandé la croix pour toi ; tu es encore trop jeune pour être ouriadnik. Sais-tu lire et écrire ?

— Non.

— Et comme il est beau ! — fit le centenier en continuant à jouer au chef. Mets ton bonnet, desquels Gavrilov es-tu ? De Chirokï, hein ?

— C’est son neveu, — répondit l’ouriadnik.

— Je sais, je sais. Eh bien ! Allez leur aider, — dit-il aux Cosaques.

Le visage de Loukachka rayonnait de joie et semblait plus beau qu’à l’ordinaire. Il s’éloigna de l’ouriadnik en mettant son bonnet, et vint se rasseoir près d’Olénine.

Quand le corps fut placé dans le canot, le Tchetchenze, le frère, s’approcha du bord. Les Cosaques s’écartèrent involontairement pour lui laisser la route.

Appuyé d’un pied ferme sur le bord, il s’élança dans la barque. À ce moment, comme Olénine le remarqua, pour la première fois il jeta un regard rapide sur tous les Cosaques, et, de nouveau, de-