Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol3.djvu/285

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temps glissait dans la conversation quelques mots russes.

— Je sais que tu as volé des chevaux. J’en suis sûr — affirmait-il.

— Nous sommes allés avec Guireïka — racontait Loukachka. (Ce fait qu’il disait Guireïka au lieu de Guireï-Khan, était une bravade du Cosaque. ) Il se vantait toujours de connaître toute la steppe au-delà du fleuve et de nous y conduire tout droit, et quand nous sommes partis, la nuit était sombre, mon Guireïka perd le chemin, s’embrouille et ne peut en sortir. Il ne peut trouver l’aoul, et c’est tout. Évidemment, nous avions pris trop à droite. Nous avons cherché presque jusqu’à minuit. Heureusement que les chiens ont hurlé.

— Idiot ! — fît l’oncle Erochka. Il m’est aussi arrivé de m’égarer dans la steppe. Que le diable les emporte ! Alors je suis monté sur une colline et j’ai hurlé comme les loups. Voilà, comme ça. (Il mit les mains près de sa bouche et hurla comme un troupeau de loups, sur une même note.) Aussitôt les chiens répondirent. Eh bien ! Continue. Eh bien ! Qu’avez-vous trouvé ?

— Oh ! nous avons eu vite fait. Nazarka a manqué d’être pris par la femme des Nogaï, vrai !

— Oui, on m’a pris — affirma Nazarka qui revenait.

— Nous sommes repartis, Guireïka s’est égaré et nous a amenés en plein dans les sables. Il nous