Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol3.djvu/334

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III


Le soleil brillant sortait de la montagne et commençait à éclairer la plaine où nous marchions ; les nuages ondulés du brouillard se dispersaient ; il commençait à faire chaud. Les soldats, les fusils et les sacs au dos, marchaient lentement par la route poussiéreuse. Dans les rangs, on entendait de temps en temps les conversations petites-russiennes et le rire. Quelques vieux soldats, en vestons de toile blanche, — pour la plupart des sous-officiers, — marchaient la pipe à la bouche, en côté de la route, et causaient gravement. Des voitures lourdement chargées, attelées de trois chevaux, avançaient au pas et soulevaient la poussière épaisse, immobile. Les officiers chevauchaient en avant : quelques-uns, comme on dit au Caucase, djiguitaient[1] , c’est-à-dire en crava-

  1. Djiguite, en langage koumitzk, signifie brave. Le mot russifié djiguitorat — djiguiter, — correspond au mot bravader (Note de l’Auteur.)