Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol3.djvu/63

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Nazarka, un faisan vivant sous le bras, en se se frayant un chemin à travers les ronces, parut sur le sentier.

— Oh ! — dit Loukachka cessant de chanter, — où as-tu pris ce coq ? C’est probablement dans mon piège.

Nazarka était du même âge que Loukachka, et n’était aussi entré au service qu’au printemps. Il était laid, maigre, osseux, avec une voix aiguë, qui perçait les oreilles. Loukachka et lui étaient voisins et camarades. Loukachka assis sur l’herbe, à la tatare, arrangeait les lacets.

— Je ne sais dans quel piège, le tien sans doute.

— Derrière le trou, près du platane ? Oui, c’est mon piège, je l’ai tendu hier.

Loukachka se leva et regarda le faisan capturé. Il passa la main sur la tête bleu-foncé du coq que celui-ci allongeait avec effroi en fermant les yeux, et il le prit dans ses mains.

— Nous en ferons aujourd’hui du pilau, va le tuer et plume-le.

— Eh quoi, le mangerons-nous nous-mêmes ou faut-il le donner à l’ouriadnik ?

— Oh ! il en a assez !

— J’ai peur de le tuer, — dit Nazarka.

— Donne-le ici.

Loukachka tira un petit couteau de dessous son poignard, et, rapidement, l’enfonça dans la gorge