Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol3.djvu/66

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feuilles des branches en marchant vers le cordon. Devant un buisson il s’arrêta soudain, et, remarquant un arbuste très lisse, il tira son couteau de dessous son poignard et en coupa une branche. — Ce sera une bonne baguette, — fit-il en cinglant l’air avec la branche.

Les Cosaques soupaient sur le sol, dans le vestibule de leur cabane, autour d’une petite table tatare, quand on vint à demander à qui le tour d’aller au secret.

— Qui doit y aller aujourd’hui ? — cria l’un des Cosaques en s’adressant à l’ouriadnik, par la porte ouverte de la cabane.

— Qui doit y aller ? — répondit celui-ci. — L’oncle Bourlak y est allé déjà, Fomouchkine aussi — prononça-t-il en hésitant. — Vous irez, n’est-ce pas, toi et Nazar — dit-il à Louka, — et Ergouchov ira avec vous ; il est peut-être éveillé déjà.

— Toi, tu ne t’éveilles pas : pourquoi lui doit-il s’éveiller ? — fit Nazarka à mi-voix.

Les Cosaques se mirent à rire.

Ergouchov était ce même Cosaque qui, tout à fait ivre, dormait près de la cabane. Tout à l’heure, en se frottant les yeux il était entré dans le vestibule.

Loukachka, pendant ce temps, debout, nettoyait son fusil.

— Mais partez au plus vite, soupez et allez-vous-en — dit l’ouriadnik. — Et sans attendre