Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol36.djvu/175

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devoir était d’intervenir. Il rougissait, pâlissait, et enfin allait se décider à parler quand Pierre Guerassimovitch, silencieux jusque-là, mais évidemment agacé par le ton autoritaire du chef du jury, intervint pour dire précisément ce que voulait dire Nekhludov.

— Permettez, — fit-il, — vous affirmez qu’elle est coupable de vol parce qu’elle avait la clef, mais les domestiques n’ont-ils pas pu venir après elle et ouvrir la valise avec une autre clef ?

— Parfaitement, parfaitement, — appuya le marchand.

— Elle ne pouvait même prendre l’argent, n’en pouvant rien faire dans sa situation.

— Naturellement, c’est ce que je dis, — reprit le marchand.

— À mon avis, c’est sa venue à l’hôtel qui a inspiré l’idée du vol aux domestiques ; ils ont profité de l’occasion et, ensuite, tout rejeté sur elle.

Pierre Guerassimovitch parlait nerveusement. Son énervement se communiqua au chef du jury et ne fit que l’ancrer davantage dans son opinion ; mais Pierre Guerassimovitch parla avec tant de conviction que la majorité se rangea à son avis, et l’on reconnut que Maslova n’avait pas participé dans le vol de l’argent, et que la bague lui avait été donnée en cadeau.

Restait la question de sa culpabilité dans l’empoisonnement, dont elle était innocente, selon le